vendredi 5 décembre 2014

Bien choisir son SexFriend...



C'est étrange, dès que je papote avec ma collègue de travail, de drôles d'idées d'articles me viennent en tête. Celui-ci en est la preuve par écrit :-P

Tout d'abord qu'est-ce qu'un(e) sexfriend?
Très facile, c'est du sexe entre amis. C'est-à-dire, pas de sentiment, juste du plaisir, du plaisir et encore du plaisir sans prise de tête. Vous prenez ce qu'il y a de bon dans une relation de couple, et vous laissez tous les aléas de la vie conjugale de côté.
Le paradis en fait. 
Mais contrairement à ce qu'on pourrait croire, un sexfriend ce n'est pas si simple à trouver. Alors voici quelques conseils pour bien choisir le votre.

1/ Contrairement à ce que pourrait laisser entendre son nom, ne choisissez jamais un de vos amis (encore moins un collègue de travail!). Pour plusieurs raisons: 
   a) Vous risquez de tomber amoureux, ou votre partenaire de vous. Ce qui pourrait être super, si les sentiments étaient partagés, or, dès le début les règles sont posés, pas de sentiment. Si vous tombez amoureux, il y a de fortes chances que l'autre soit resté concentré sur votre entente première. Et là....
  b) Il y a de fortes chances que tout votre entourage soit mis au courant. Alors moi je ne m'en cache pas, j'ai un sexfriend, je le dis, rien à fichtre de ce que les gens pensent, mais je préfère que personne ne le rencontre. Ça évite des remarques genre: "Et entre vous, ça devient sérieux? Quand est-ce que vous habitez ensemble..." Euh comment dire... Jamais!!!
  c) Si un jour il y a séparation, parce que soyons sérieux, on ne peux pas vivre éternellement avec juste un plan cul, et bien la séparation se fera plus en douceur. Vous vous souvenez: 0 prise de tête \o/

2/ Vous avez le choix (surtout vous mesdames, les mecs sont beaucoup plus facile à convaincre que les filles qui ont toujours peur de se faire traiter de sales p*** ) alors n'hésitez pas. Choisissez, et choisissez bien. Vous aimez les fortes poitrines, des bijoux de familles assez conséquents. Vous préférez les blond(e)s, brun(e)s... faites votre marché sur un site de rencontre, notez ceux(celles) que vous préférez, discutez un peu, savoir ce qu'il(elle) aime au lit (ba oui, faut quand même avoir les mêmes appétits). Prenez rendez-vous pour un café et voyez si le feeling passe. Pas la peine de coucher dès le premier rencart, c'est juste pour tâter la marchandise* ;) !


3/ Essayez d'en apprendre le moins sur votre sexfriend. Moins vous en savez, mieux sait. Si vous ne connaissez pas son histoire, vous avez plus de chance de ne pas vous attacher à lui(elle). Je sais je me répète, mais le but est de prendre du plaisir pas de s'attacher. On a tout notre temps pour trouver l'âme soeur, amusons-nous un peu avant.
Votre sexfriend est avant tout un sextoy grandeur nature. Ne le regardez pas comme un(e) potentiel(le) petit(e) ami(e) mais bien pour ce qu'il(elle) est: un bonbon à déguster.*

Pourquoi, me demanderez-vous, dans ce cas, ne pas utiliser directement un vibromasseur ou autre joujou pour adulte. Tout simplement parce que les bisous dans le cou c'est... grrr... miaou...

4/ Votre couple n'existe pas, vous ne vous voyez que pour le sexe. N'oubliez jamais ça! Si vous vous croisez dans la rue, il n'y aura pas de bisous bisous, câlinous ou autres papouilles. Non, ne soyez pas triste, ça aussi ça met un peu de piquant. Jouez les inconnus ou simples connaissances... vous verrez ;)

5/ Enfin, sachez que s'il(elle) est votre sexfriend, vous, vous êtes le sien. Ne vous plaignez pas s'il(elle) manque de temps pour vous, s'il(elle) ne vient que pour une partie de jambes en l'air. Vous êtes un sextoy!


Voilà, je sais, ce n'est pas très productif comme article, mais au moins je me suis amusée. Alors jouissez bien de la vie!!

* Dans ce billet, il y a des phrases, des remarques avilissantes pour un partenaire sexuel. Ceci est fait exprès pour que vous ne tombiez pas de haut si un jour votre sexfriend vous lâche. Forcément que vous allez vous attacher à lui(elle). On ne peut pas s'envoyer fréquemment en l'air avec quelqu'un sans qu'une complicité naisse. Vous aurez beau vous dire que ce n'est que pour le Q, les sentiments viendront forcément s'en mêler. 
Une dernière chose: votre partenaire est peut-être votre sextoy, mais le sexe c'est bien plus compliqué qu'un morceau de plastique qui vibre. Aussi sachez que plus vous donnerez du plaisir, plus vous en prendrez. Et oui, pour une jouissance maximale, il faut avant tout du partage. Et c'est bien plus drôle comme ça ;)

mardi 2 décembre 2014

Effroyable jeunesse


Un soir, alors que je me morfondais dans ma solitude, j'ai reçu un message. Quelques mots sur un écran. Quelques mots qui décrivaient si bien son insouciance, sa suffisance. 
"J'ai envie de toi."
Un sourcil levé, je restais la bouche en rond, interloqué. Il s'est trompé de numéro. Je ne pouvais pas en être la destinataire. Je suis trop vieille pour lui. Ce n'était pas possible. Et pourtant... Que voulait-il? Que cherchait-il? Jamais personne n'avait jamais été aussi directe. Insolente jeunesse.
En cinq mots il faisait de moi son obligé. Accrochée à mon téléphone, je retenais mon souffle, attendant de ses nouvelles, qu'il me dise où et quand on se verrait. Ses messages, mes bouffées d'oxygène, se faisaient attendre. Oh mon Dieu, comme j'aimerai savoir me faire désirer comme lui savait le faire. Et puis, il y a eu:
"Apprends-moi."
Toi apprends-moi. Enseigne-moi ta fraîcheur, ton sourire, ta naïveté.
Apprends-moi à rire, à aimer. Rappelle-moi tout ce que j'ai oublié, tout ce que je me suis refusée. 

Que dire de la suite. Elle ressemble à toutes les histoires interdites. Un jeu de cache-cache. Des non-dits, des rêves irréalisables et une fin attendue.
"Désolé, elle, je l'aime." 
Bien sûr qu'il l'aime. Elle est plus jeune, sans attache, avec un avenir à construire. Elle a tout ce que je n'ai plus. Je n'arrive même pas à lui en vouloir, il a le droit au bonheur. Au contraire, je lui souhaite une vie riche et merveilleuse, sans trop d’embûches. Qu'il ait tout ce que je n'ai pas eu. 
Je ne suis pas une idiote, je sais ce qui m'est permis ou non. Je sais ce qui a un avenir ou non. Je sais ce que les gens bien pensant penseraient de tout ça. Mais, pour être honnête, j'avais oublié que ça faisait aussi mal. Pendant quelques temps j'avais de nouveau 16ans, et comme une ado, je me suis voilée la face. 
Alors quand la réalité s'imposa à moi... Je me suis effondrée. Je n'arrivais plus à voire claire. Une part de moi est morte.
C'est triste à dire, mais je crois que cette fois c'est fait. Du haut de mes trente ans, j'ai enfin compris que le prince charmant n'existe pas.

Alors tout ceci n'est pas pour dire: "Hey mesdames, les mecs plus jeunes ne sont pas pour vous." 
Non, au contraire, ça veut juste dire: "Hey mesdames et messieurs, attention, qu'importe votre âge, un chagrin d'amour est tout aussi destructeur que le premier."

dimanche 5 octobre 2014

le coeur gros


Il y a des jours comme aujourd'hui où vous attendez un événement avec impatience. Où vous espérez, vous y croyez... Et puis il y a des soirs comme ce soir où la déception, la frustration, la peine vous accable. Alors vous ne demandez qu'une chose: pouvoir pleurer. Pleurer pour que votre coeur s'allège. Pour que l'étau se desserre, pour pouvoir respirer de nouveau... Mais rien à faire, pas l'ombre d'une larme ne se dessine au coin de votre oeil. 

Alors commence une guerre avec vous-même. Vous essayez de retrouver le sourire, de dédramatiser, de toute façon c'est vous qui vous êtes monté la tête. Tout ça c'est de votre faute, personne d'autre n'est en cause. Et ça tourne, encore et encore. Savoir où, pourquoi, comment vous en êtes arrivé là.
Comment j'en suis arrivée là? Et cette foutue larme qui ne veut pas couler.

Pourquoi suis-je si triste? Pourquoi je me sens si seule? Pourquoi je n'arrive pas à pleurer? Suis-je devenue si dure? 

J'ai tout essayé. Je tape contre les murs, pense à ce qui me manque, en bref, je me fais du mal. Du mal pour rien vue que la larme ne vient pas.

 La solitude est la pire des maladies. Elle vous prend par surprise, vous assaille de questions, de reproches. Elle ne vous lâche plus, rend votre vie ingrate. Vous devenez aigri, irrespectueux, honteux. En un mot: triste.

Je ne désirais qu'une seule chose ce soir, combler ce manque dans mon coeur. Le remplir d'une douce mélodie. Je me contenterai de l'amertume.

lundi 15 septembre 2014

Bienvenue à Hôtel Boyard

Pour ceux qui ne le savaient pas, je travaille dans un hôtel. Le matin, je remets les chambres en état pour les prochains clients... Autant dire que parfois, j'ai de sacrées surprises!
Imaginez... Je dois laver les salles de bains et ne laisser aucune trace (pas même une goutte d'eau), faire les lits et les poussières. Et quand j'ai fini, je retourne vérifier toutes les chambres: les cintres sont tous dans le même sens? Les poubelles vides? Le programme télé parallèle à la télécommande? Les géraniums arrosés?...
Alors parfois, je cours. Je cours avec mon trousseau de clés dans les mains, ouvrant et fermant des portes. Et là, j'ai comme un sentiment de déjà vu. Vous voyez où je veux en venir? Je suis Passe-Partout ^^

Du coup, comme le travail est assez répétitif, je me suis amusée à imaginer un jeu: Hôtel Boyard
Non mais vous êtes malade!! Jamais je n'irai travailler là-bas!! Brrr.....

Enfin bref, imaginez Patrice Laffont ou Olivier Mine selon votre génération (quoi Castaldi? Ah, vous aussi vous avez fait ce cauchemar? Le monde est petit :P ). Il s'arrête devant une première porte:

Cellule numéro 14: La tarte aux poils
"Monsieur Dupond arrive tout droit du Cap Nègre. Demain il a un entretient d'embauche pour travailler sur la LGV qui se construit à moins de 5km. La route a été longue pour arriver en France, et il doit se faire beau.  Alors il vient d'acheter un joli rasoir, tout beau, tout neuf. Mais Monsieur Dupond n'est pas très doué et il a recouvert toute la salle de bain de ses poils grisonnants.
Votre mission: tout ramasser. Attention, la fée Marie veille au grain. Si elle retrouve une seule de ces sal...ries, même dans la bouche d'évacuation de l'eau, vous avez un point de pénalité.
Par contre, si vous retrouvez le poil de cul en or que Madame Gaston a perdu la veille, vous gagnez un bonus temps pour l'épreuve finale."

Alors on continue? Ça vous a plu?

Cellule numéro 4: Les amoureux transis

"Jean avait bien l'intention de faire tomber les dernières barrières de réticence de Jeannette. Alors il a tout mis en oeuvre pour parvenir à ses fins (ou sa faim...). Resto de luxe, belle chambre... Gagné! Jeanette n'a pas pu dire non. La nuit a été chaude!

Votre mission: Changez tous les draps sans vous en mettre plein les doigts. Vérifiez l’alaise, elle ne doit pas être tâchée! Essuyez le champagne collé au sol.
Vous gagnez un bonus temps si vous retrouvez le préservatif usagé caché sous le lit."

Oui, parfois on se demande si on doit être heureux de savoir que des gens s'éclatent, ou alors grogner pour le boulot à faire...

Cellule Mélusine: Le bronze
(Vous ne pensiez tout de même pas que j'allais mettre une photo de moi sur le trône tout de même?!! Non mais Oh! Allô Quoi!!)

"Papy Jojo et Mamie Linette sont constipés depuis une semaine. Mais pas ce soir. A cause de quoi? Est-ce les ris de veau aux morilles, ou la gélule bleu de Papy... Mystère! Les toilettes sont devenus marrons, même la serviette de bain à perdu de sa blancheur.
Votre mission: Rendez à la cuvette son éclat d'autrefois. Essuyez les murs, que les joins du carrelage soient nickel chrome!
Attention! Vous n'avez que dix minutes, et vous avez oublié vos gants mappa dans la réserve... courez vite!"

Épreuve finale: Le Restaurant.

"Et bien voilà, on y est. L'hôtel est rangé (ou presque, mais la fée Marie est là et sa baguette magique fait des miracles), maintenant il faut remplir les estomacs des clients. Oui mais voilà, vous n'êtes pas seul à servir. Vous devrez envoyer les plats tout en évitant les grands pieds de votre collègue, ne pas rire aux blagues du pâtissier, éviter les remarques acerbes du commis de cuisine, et surtout, surtout, éviter de croiser la mère Poularde qui se fera une joie de vous piquer le temps bonus que vous avez eu tant de mal à gagner dans les épreuves précédentes.
Vous êtes prêts? Attention, le temps est compté, les clients attendent et ont très faim. Ce ne sont pas des tigres, mais presque...."


Ca vous a plu? Vous aimeriez participer à ce nouveau jeu? Au fait, j'ai oublié de vous dire ce qu'on gagne.... Le droit de rejouer bien entendu ;)

jeudi 5 juin 2014

les 24h de la nouvelle 2014

Alors voilà, cette année encore j'ai participé aux 24h de la nouvelle. Le but? Ecrire une nouvelle en 24h, rien de plus simple vous me direz, sauf qu'en temps normal, il faut environ deux à trois jours à une personne saine d'esprit, quand ce n'est pas une semaine, un mois... Heureusement, on nous demande une nouvelle finie, pas corrigé, ce qu'on appelle un premier jet. 
Comme écrire 2000 mots en si peu de temps n'est pas assez compliqué (oui, on a tous une famille, un travail, des amis et tout et tout) on nous rajoute une contrainte. L'année dernière, il fallait insérer les titres de chansons d'un groupe ou un chanteur au choix. Cette année, on devait donné un rôle même minime à un animal de compagnie.
Donc, j'ai relevé le défit, et voilà ce que ça donne. Je rappelle donc, il s'agit d'un premier jet, donc non corrigé (sauf les fautes d'ortho et de grammaire, enfin en partie):

Victime de son succès

Ça y est, je suis morte… enfin ! Que va-t-il m’arriver ? Ma vie était tellement vide que ma mort ne peut être que mieux. Je l’ai vue, ma vie, elle a défilé devant mes yeux comme convenu. Pourtant je n’y ai rien observé de palpitant. Elle était à mon image, fade, sans arôme ni couleur... Aucun intérêt.
J’avance. Enfin, je pense avancer. Je n’ai plus de pied ni de mains, plus de corps. Je flotte vers la lumière. Je m’attends à tout. J’ai lu tellement de choses sur l'au-delà que je ne sais plus, je ne crois plus. Y a-t-il un Paradis ? Un Éden ? Un Enfer ? Ou mieux, le Nirvana. Si ce n’est pas le cas, j’aimerai bien me réincarner. Recommencer ma vie, ne pas dire non, accepter des propositions, refaire les mêmes erreurs ou alors les gommer. Oui, la réincarnation… Ça me plaît… Un nouveau départ, une nouvelle vie.
J’avance. La lumière est derrière moi. Devant… rien… Ce n’est pas blanc, ce n’est pas noir. C’est vide. La mort ressemble à ça ? Au néant ?
Non, une tâche orange bondit de droite à gauche. Elle gambade, semble poursuivre quelque chose. Elle s’arrête. Me regarde. S’approche, s’éloigne. Je n’arrive pas à distinguer ce que c’est, mais je sais. Je sais que je la connais. Cette boule rousse me dit quelque chose. Je l’ai déjà vue. La forme se dirige vers moi, ça y est. C’est Mira, mon chat. Mais… il n’est pas mort. Enfin je crois, ça fait tellement longtemps que je ne l’ai pas approché. Il m’a quitté un jour, préférant le grand air à mon appartement miteux. Je l’ai laissé partir, après tout, je ne suis pas faite pour m’occuper des autres. Pour ça, il aurait fallu que j’arrive déjà à prendre soin de moi.
Mira me regarde, il me voit. Je ne dois pas être aussi invisible que ça en fin de compte. À moins que ce qu’on raconte sur les chats soit vrai : ils possèderaient une sorte de troisième œil. Une amie pensait qu’ils étaient la réincarnation de dieux égyptiens. Pourquoi pas ? Pourtant, maintenant je doute qu’elle eût raison : je ne suis morte, mais pas sur Terre…
Je me penche sur Mira, il remue la queue le poil dressé. Il est effrayé. Il ne me reconnait pas. Il crache, je me recule. Quelle cruche ! De quoi ai-je peur ? Qu’il me morde ? D’avoir mal ? Je n’ai plus de corps, la douleur n’existe plus pour moi.
Le chat entame lentement une marche arrière, il ne me quitte pas du regard. Je soupire, enfin j’aimerai respirer. Pourquoi faut-il que tous les hommes finissent par me fuir ? Même ceux sur quatre pattes.
« Ed ! »
Je connais cette voix.
« Ed ! »
Qui m’appelle ?
« Edwige, par ici ! »
Je fais volte-face. Une silhouette se découpe dans le fond. Je vole vers elle. Qui est-ce ? Mon grand-père ? Ma tante ?
« Dépêche-toi, bichette, on t’attend. »
Mon cœur se gonfle, mais je n’ai pas de cœur. L’allégresse me rend légère, je ne suis pas seule ! Je file comme un courant d’air,.
« Viens Ed, rejoins-nous. »
J’arrive, ne partez pas ! Je souhaiterai hurler, mais je n’ai pas de bouche. La voix résonne autour de moi, en moi. La silhouette devient plus nette. Trop fine pour être mon papy, trop grande pour tata. Qui ça peut-être ?
Je ralentis. Un sourire suffisant me cueille. Je m’arrête stupéfaite. Qu’est-ce que ça veut dire ?
« Salut, Ed, tu vas bien ? Ah oui, tu es morte donc tout roule pour toi. »
Un frisson électrique parcourt l’être que je suis. Ce regard, cette mèche sauvage, ces lèvres moqueuses… Ce n’est pas possible, il ne peut pas être là, il était encore vivant quand j’ai succombé.
« Mickaël, comment ? »
J’arrive à parler. Je serre les poings. J’ai des mains. Je me regarde. J’ai un corps.
« On doit causer tous les deux.
— Non tous les trois. »
Je me retourne, un beau brun arrive vers moi. La gentillesse qui se dégage de lui me rassure. Au moins, lui ne va pas me broyer sous les reproches.
« Je peux me joindre à vous ? »
Quoi ? Des garçons sortent de l’ombre, m’encerclent. Tous les hommes que j’ai aimés, un peu… beaucoup. Mickaël, Rémi, Jo, Mat, Éric… ils sont tous là. Je me tasse sur moi-même. Le poids de leur regard, l’aura qu’ils dégagent m’enveloppent comme une couverture rêche. J’ai froid. Je voudrais me réchauffer de leur présence, mais la tension m’irrite. Je serre mes bras autour de ma poitrine.
« Alors ? me lance Mickaël.
— Alors quoi ? m’étonné-je.
— Lequel d’entre nous as-tu le plus aimé. »
J’ouvre la bouche et oubli de la refermer. C’est quoi cette question ?
« Dis-leur que c’est moi, supplie Jo en me tendant la main.
— Toi ? ricane Mat, mais elle n’a passé qu’une nuit avec toi. Ed, tu te rappelles cet été-là… on était bien ensemble. »
Je souris. Oui je me souviens. Pourtant Mat a tort, un mois ne remplacera jamais la seule nuit que j’ai partagé avec Jo. J’ai toujours regretté d’être partie le lendemain. J’avais peur, peur de me tromper, d’être heureuse, je ne sais pas exactement.
« Ed… on est resté combien de temps ensemble ? Dix ans ? Ça ne fait aucun doute que tu m’as aimé plus que tous les autres. »
Je fixe Éric. Quel enfoiré celui-là. Pas dix ans, huit. Mais je suis d’accord, ça m’a semblé beaucoup plus long. Je suis resté avec lui pas par amour, mais par habitude. C’est dingue ça. J’ai quitté Jo par peur du bonheur, je me suis accrochée à Éric par peur de la solitude. Mais qu’est-ce que j’ai fait ? Ma vie ne se résumerait donc qu’à ça ? Des regrets ?
« Entre nous il y avait toujours ce petit truc qui nous attirait l’un vers l’autre comme deux aimants opposés. Personne ne pouvait nous séparer, il fallait qu’on se touche, qu’on s’embrasse. »
Une larme coule sur ma joue. Rémi a raison. De tous, il était celui que je désirais le plus, celui dont je rêvais… et qui...
« Et tu n’as jamais voulu de moi, hurlé-je hors de moi. Tu préférais voyager, partir encore et encore ! Tous autant que vous êtes, comment osez-vous me poser ce genre de question ? Comment osez-vous venir me harceler le jour de ma mort ? Aucun de vous n’a jamais pris la peine de me connaître, d’apprendre à me faire plaisir. Oh oui, Éric, on est resté longtemps ensemble, mais pourquoi ? Par amour ? Tu n’en avais rien à foutre de moi ! Ce qui comptait c’était ton petit confort personnel. Jo, une nuit… une nuit indélébile, et puis après ? T’es-tu battu pour m’avoir ? As-tu essayé de me rassurer ? Non, tu as préféré me regarder de loin, tu me voyais seule, perdue et tu n’as même pas levé le petit doigt pour me sauver. Je n’étais qu’une gamine qui rêvait d’un chevalier. Quel beau chevalier ! Même pas capable de défoncer une porte dégondée. »
Mon souffle me fait défaut. Je respire difficilement. Une boule se coince dans ma gorge. Les larmes ne se tarissent pas, je n’en peux plus. Je veux qu’ils s’en aillent. Je ne veux plus les voir.
« Il ne reste plus que moi. »
Mickaël et son sourire, ses cheveux en bataille. Celui avec qui j’ai essayé. Vraiment essayé d’être heureuse. En vain.
« Toi tu es le pire de tous. Tu te servais de moi. J’étais prête à tout pour toi… »
Je serre les dents. Les mots veulent sortir, en désordre. Je ne peux pas, je me suis toujours retenue d’être méchante. Ne jamais leur en vouloir. Tout ça, c’est aussi de ma faute. Je ne me suis pas battu, j’ai baissé les bras.
« Oui ? insiste Mickaël.
— Ça va ? Tu as réussi à oublier tes amours perdus ? demandé-je acerbe. Tu venais me voir dès que tu te faisais larguer, dès que tu avais besoin d’être cajolé, rassuré et tu repartais me laissant plus seule que jamais. Tu n’as pas honte de croire que je pourrais un jour te pardonner les épreuves que tu m’as faites endurer ? Je te hais, je vous déteste… TOUS !
— Alors tu ne nous as jamais aimés ? » relance Jo la mine déçue.
Ma colère retombe d’un coup. Mes épaules se relâchent. Mais qu’est-ce que l’amour ? Les ai-je aimé ? Un soupire de lassitude s’échappe de mes lèvres. Épuisée, je secoue la tête.
« Au contraire, soufflé-je dans un murmure à peine audible. Je vous ai tous aimé, chacun d’une manière différente, mais aujourd’hui…
— Oui ?
— Celui que j’aime le plus n’est pas là. »
L’image de Jean s’impose à moi. Il n’est  pas forcément beau, mais quand il sourit… quand il sourit... je suis aux anges. Il m’écoute, cherche à me comprendre. Il est patient, compatissant, gentil, un peu con… mon cœur se brise. Je suis morte, je ne le reverrai plus, c’est terminé. Tant d’années sans le connaître, on aurait pu se croiser, on a habité les mêmes villes sans jamais se rencontrer jusqu’il y a peu.
« Tu lui as dit ? »
Mickaël a perdu son air suffisant, au contraire il semble heureux.
« Non.
— Qu’est-ce que tu attends ?
— C’est trop tard. Tu as oublié ? Je suis morte. »
Un rire cristallin retentit autour de moi. Les hommes que j’aime reculent. Je crois qu’ils vont disparaître comme Mira, mais non. Ils s’arrêtent. Une lueur rouge passe dans leurs yeux. Ils me montrent leurs dents. J’ai peur. Ai-je eu tort de dire la vérité ? Je n’aurai peut-être pas dû.
Ils me dévisagent. Leurs cheveux se dressent. Ils s’élancent sur moi. Je crie surprise. Dans un geste vain de protection, je me recroqueville sur moi-même. Sur mon dos, je sens des coups. Ils me frappent, j’ai mal, je hurle. Laissez-moi ! Allez-vous-en ! Je m’éteins…

Une lumière blanche, encore. J’ouvre les yeux. Un néon blafard m’aveugle. Une odeur aseptisée s’impose à moi. Les draps blancs, les murs blancs, les stores blancs. Un fumé de soupe bas de gamme s’invite dans la chambre. Je n’ai plus de doute, je suis à l’hôpital. Je n’étais pas morte.

Une semaine plus tard, on m’a tout raconté. L’accident, l’opération pour me sauver les jambes, mon dos à deux doigts de se briser. Ma mort durant une minute et vingt secondes. Mon retour : un miracle.
Je suis encore faible. D’après les médecins, ma convalescence ne sera jamais vraiment terminée. Je ne serai jamais vraiment guéri, mais je dois être reconnaissante : je suis en vie. Saleté de toubibs. Toujours le mot pour faire plaisir. J’aimerai bien les voir alités pour un temps indéfini et être heureux d’être en vie.
Je suis là, je rumine ma malchance. La faute à personne. Qui pouvait prédire qu’un arbre allait tomber pile au moment où je passais dans ma boîte à savon.
Trois coups à la porte.
« Entré.
— Ed ?
— Jean… »
Il passe le seuil de la porte, me sourit. Je pleure de joie. Oui, je suis heureuse d’être en vie.

Pour lire les autres participations, rendez-vous ici.


mardi 20 mai 2014

L'Ombre des Hommes #07

Le Brûlant étendait ses doux rayons sur le camp où régnait une agitation peu habituelle. Les Marcheurs bouillonnaient d’excitation. L’aube se levait sur un peuple changé, toujours inquiet de son avenir, mais fort d’un nouveau sentiment : l’espoir.
Ovi ne s’attarda pas dans son paten. La bête ayant détruit l’ossari, il ne restait plus que la bâtisse en bois où les enfants dormaient encore. Cette nuit, elle l’avait passé seule. Elle avait attendu Dodroi en vain. Ce dernier ne s’était pas couché, trop occupé à parler avec les Anciennes et le Porteur. Leur départ provoquait bien des désagréments, à commencer par la futur absence de Cortig. Qui porterait la Lance durant son voyage ? Les Marcheurs ne pouvaient se passer d’un Porteur, il était le guide des chasseurs, celui sur qui le clan comptait pour ramener du gibier. Jamais auparavant, un Porteur n’avait laissé sa place de plein grès. Le sommeil éternel se chargeait de la lui retirait.
Le regard fier, Ovi traversa le camp. Elle se remplit les poumons de l’air glacé du matin en se frottant les doigts à la recherche d’un peu de chaleur. L’odeur de l’eau blanche se faisait sentir, elle ne tarderait pas. Le départ se faisait de plus en plus pressent, si par malheur, les flocons recouvraient le sol avant la Grande-Marche, la tribu serait contrainte de rester sur place, et beaucoup douter de leur survie. Ce n’était pas tant le froid, mais bien le manque de proie à chasser qui leur serait fatal. Même réchauffé, un corps affamé ne survivait pas longtemps.
À son passage, les hommes se frappaient le torse de leurs poings et les femmes lui touchaient l’épaule, admiratives. Ovi ne pouvait s’empêcher de sourire, même si son ventre se tordait d’appréhension. Jamais encore on ne l’avait contemplée ainsi, jamais ses sœurs ne l’avaient respectée. Elle avait enfin trouvé sa place et pour la garder, elle devait partir. Son sourire heureux mua en une grimace amère. Elle s’était portée volontaire, elle ne pouvait pas leur en vouloir. Personne ne l’avait obligé ! Pourquoi avait-elle fait ça ?
Dodroi apparut dans son champ de vision. Pour lui ! À présent qu’il était leur Père, toutes les femmes voudraient partager sa couche. Ovi devait se montrer digne de lui. Elle ne pouvait rivaliser face aux charmes de ses sœurs, alors ce serait par sa force de caractère qu’elle le courtiserait.

En pleine conversation avec Cortig et Loussa, Dodroi ne l’avait pas remarquée. Le cœur de la jeune femme se serra à l’idée qu’il l’avait déjà oublié. Son nouveau statut, ses nouvelles préoccupations, il n’avait plus le temps pour elle. N’avait-elle pas fait une erreur en se proposant ? Comment allait-elle l’enjôler si elle restait loin de lui ? Sa poitrine se fit soudain très douloureuse. Elle ne supportait plus de le regarder sans que des gouttes d’eau ne s’écoulent de ses yeux. La bouche tordue par la douleur, Ovi tourna les talons. D’un coup, l’envie de partir très loin devint omniprésente. Ses jambes se mirent à courir le plus vite possible. Un râle s’échappa de sa gorge qui se nouait d’angoisse. Elle s’enfuit. En cours de route, elle perdit sa pelisse et se retrouva bras nus dans le froid de la matinée. Son souffle se fit douloureux, des aiguilles de glace pénétrèrent ses poumons. À bout de force, elle se laissa aller contre un arbre aux branches recouvertes d’épines vertes. Lentement, elle glissa le long du tronc tout en continuant à le serrer entre ses bras frigorifiés. L’eau de ses yeux abonda sur ses joues. Comme elle se trouvait bête ! Fallait-il être stupide pour croire que partir loin d’un homme aller la rapprocher de lui. Lentement, sa peur de le perdre devint colère. Et lui ? Pourquoi l’avait-il déjà oublié ? Un nouveau titre et elle n’existait plus ? Que la vie pouvait être injuste !

lundi 12 mai 2014

l'agression: stop au taboo

Projet crocodiles que vous pouvez retrouver à cette adresse: http://projetcrocodiles.tumblr.com/

Une agression c'est quoi? C'est un geste, un mot. C'est quelque chose qu'on vous a fait subir contre votre volonté (ok, la définition est assez flou parce que dans ce cas là, une fête d'anniv surprise est une agression, mais bon vous m'avez comprise). On vous a blessé par des insultes, par une main baladeuse. On a pas tenu compte de votre non-désir, on vous rabaisse... Bref, vous connaissez, on en parle de plus en plus et c'est tant mieux. Plus on en parle, plus on apprend à se défendre. Mais pas que...
A force d'entendre toute sorte de récit, je me suis rendue compte d'une chose: j'ai été victime mais aussi bourreau.

Regardez l'illustration: ça vous révolte, il s'agit d'un viol. Un viol dont on ne parle pas parce qu'il a eu lieu au sein même d'un couple. Un viol n'est pas facile à démontrer, mais qu'en la victime n'en parle pas, quand le bourreau se croit dans son bon droit parce qu'il est le mari/petit copain, parce que d'habitude, c'est la victime qui quémande les faveurs du bourreau... alors là c'est mission impossible. Et pourtant, il s'agit bien d'un viol.

Regardez bien l'illustration: la victime: une femme. Le bourreau: un homme.
Et bien, je peux vous dire que les rôles peuvent facilement être interchangeable. Après tout, les hommes sont des robots. Il suffit de les asticoter un peu pour que la machine se mette en route, non? NON! Quand monsieur dit non, c'est NON! Oh, bien sûr, le lendemain il va en rire, avouer qu'il n'a pas aimé, qu'il a cédé à contre-coeur et sa fierté d'homme en prend un coup.Tout comme une femme refusera de s'avouer que l'homme en qui elle a mis sa confiance l'a trahie. Les mots que j'emploie sont eux aussi interchangeables: fierté de femme; confiance de l'homme envers sa compagne. 
ALORS STOP AU TABOO!!
Que ça soit dans un sens ou dans l'autre, le mal est le même. Que l'on soit homme ou femme, dans un couple, le "non-désir" de l'autre doit passer avant notre libido soit-disant incontrôlable.  
J'ai abusé d'un ex, je m'en rend compte aujourd'hui, j'ai honte, je n'arrive pas à me regarder en face. Je voudrais m'excuser mais il ne m'écoute plus... la faute à qui... 

Je n'ai pas d'excuse, je n'en cherche pas. Je voudrai simplement que certaines d'entre nous comprenne qu'un homme n'est pas un sex toys qu'on peut utiliser quand l'envie nous prend. Si votre copain vous force, vous allez hurler, le chasser dans le meilleur des cas. Vous sentir mal le lendemain et ne plus jamais faire confiance à quelqu'un dans le pire des cas. Alors, la réciproque est logique, non? Ne doit-on pas cajoler notre cher(e) et tendre comme on aimerait qu'il(elle) nous cajole?

Apprendre de ses erreurs, dit l’adage. Vaut mieux tard que jamais, dit le proverbe. Pour ma part, je préfère vous prévenir que vous guérir. Tout n'est pas blanc ou noir. Ce n'est pas parce que vous n'avez jamais commis de faute que vous n'en commettrez jamais. 
J'aurai dû être plus à l'écoute, comprendre ce qu'on me disait, mais j'avais appris à vivre autrement. J'ai évolué dans un monde où il valait mieux être une salope qui dit oui, qu'une victime qui dit non. Aujourd'hui, je sais dire non, mais SURTOUT, quand on me dit NON, je l'entends et je le respecte.

De nos jours, les femmes sont victimes de harcèlement quasi quotidiennement (j'ai un bon paquet d'anecdotes en tiroir), mais on a tendance à oublier que les hommes aussi. De façon plus discrète, moins exhibitionniste, mais tout aussi douloureuse. Sans le savoir, vous avez déjà blessé quelqu'un, abusé, trahi, dénigré. On est tous des crocodiles... à nous de changer.

La chambre